La légende de Dakréos - Episode 8

Que raconte cet homme ? se demanda Elinaë. Pouvait-il vraiment lui apprendre quelque chose à propos de ce qui venait d’apparaître sur son poignet.

— Ecoutez-moi, reprit-il, cette cité n'est pas sûre la nuit, vous feriez mieux de me suivre et ...
— Pourquoi est-ce que l'on vous ferait confiance ? le coupa Zoélia alors que Elinaë coupa enfin ses liens.
— J'ai les réponses aux questions que vous vous posez, au sujet de ce livre et des inscriptions sur son poignet, répliqua l’inconnu alors qu’il prit le livre dans ses mains et le regarda, intrigué. Vous pouvez ne pas venir, si vous ne voulez pas mais elle doit venir avec moi, dit-il en désignant Elinaë.
— On ne connaît même pas votre nom, siffla la seconde.
— Oui excusez-moi. Mon nom est Patte-Blanche et vous ?
— Je suis Zoélia, répondit-elle fièrement en rebouclant sa ceinture à sa taille
— Je m'appelle Elinaë, bredouilla-t-elle encore sous le choc.
A part ces mots, elle restait muette, la douleur restait dans sa peau tout comme la surprise.

— Toutes les deux, nous retournons de là où nous venons. Dans tous les cas on ne vous suivra pas, lui lança-t-elle.
— Où étiez-vous avant de vous faire capturer ? demanda-t-il en lui rendant son livre qu'elle rangea.
— A l'auberge du Poussin Ivre.
— Oh je vois, dit-il pensif, Y retourner maintenant serait plutôt risqué.
— Ah bien entendu, vous avez quelque chose de plus sûr ! rétorqua-t-elle.
— J'ai un navire amarré au port, plus proche que votre auberge malfamée. Nous y passerons la nuit, si vous acceptez je vous raccompagnerai demain matin, et répondrez à vos questions.

Zoélia, bien que très hésitante, savait que le port était plus proche. En bonne marine, elle savait que traverser Irantorn de nuit n’était pas une très bonne idée. Elle se résigna à accepter la proposition de l'homme au bras mécanique.

— Tu viens avec nous ? demanda-t-elle à Elinaë, qui acquiesça.

Cette jeune fille ne ressentait pas l'envie de vagabonder seule en pleine nuit. Néanmoins, elle espérait profondément qu’il ne soit rien arrivé à son père. L’encapuchonné descendit en premier de la cage de bois, toujours sa torche en main. Zoélia remit le livre dans son sac et fit signe à Elinaë de descendre avant elle. Il scrutait les alentours, comme un chasseur, mis à part qu'il avait l'impression d'être la proie.
— Suivez-moi, chuchota-t- il.

Zoélia avait sorti son couteau et le tenait prête à s'en servir. Toujours vigilante même si elle ne voyait pas plus loin que l’espace éclairé par la torche.
— Etranger, vous voulez que l'on vous suive mais nous ne connaissons même pas votre vrai nom, dit-elle avec assurance avant d’avancer davantage.

— Patte-Blanche suffira pour le moment, l’expédia-t-il.

Sa réponse ne semblait pas la satisfaire. Si elle avait le choix, elle ne laisserait pas sa vie entre les mains d'un surnom.

Pendant qu'ils marchaient, une légère brise se leva. Elinaë remarqua une pierre blanche transparente encastrée dans le métal de l'épaule gauche de leur sauveur. Ses yeux ne la quittaient plus. Cette pierre l’intriguait énormément. Elle hésita longuement puis, finit par le questionner.

— A quoi vous sert cette pierre ? lui dit-elle à voix basse en désignant l'objet. — C'est grâce à elle que j'ai pu faire ce que vous avez vu, je vous expliquerai tout en détails demain.

Sa réponse déçut Elinaë, elle aurait voulu en savoir plus. Décidemment, cet homme ne semblait pas très ouvert aux questions. Ils continuèrent d'avancer dans la sombre Irantorn vers son port.
Quand ils arrivèrent au quai, ils continuèrent sur le long ponton principal qui se divisait en plusieurs autres, plus petits. Elles le suivaient, et il s’arrêta devant son "navire". Elinaë au mot "navire" s'attendait à un immense trois mats, pouvant filer au vent, et briser les vagues. Zoélia regarda le bateau, regarda Patte Blache, et jeta un regard méprisant sur le "navire".

— C'est cela ton bateau ? Comment se fait-il que ça flotte toujours ?
— Je le trouve convenable moi ! » répondit-il nerveusement presque vexé.

Ce n’était qu’un un canot large avec un mat et une seule voile, les planches de la coque avaient besoin d'un carénage, la voile même repliée semblait vieillie. La moitié du bateau de la poupe était recouvert de planches gondolées, qui formaient un abri. Au centre il y avait le mat, et plus près de la proue il y avait un levier courbé en bois qui devait servir de barre. Des planches de bois faisait le tour de la partie intérieur du bateau qui non abritée et faisaient office d'assise. Il sauta dans la barque, qui vacilla à son entrée.

— Ton canot est pathétique l'ami ! dit Zoélia en faisant rire Elinaë.
— Ne te moque pas il m'est bien utile à moi ! Allez sous l'abri, il devrait y avoir deux couvertures, je dormirai là, dit-il en montrant l’assise.

Elles montèrent dans le bateau, toujours très peu confiantes. Alors que Zoélia se dirigeait là où elle allait dormir, Elinaë reprit son interrogatoire.

— Est ce que vous allez enfin nous expliquer à propos du livre, de ce que vous avez dit sur "notre destin" et sur ceci ! s’exclama-t-elle impatiente en avançant son poignet vers lui.
— Très bien mademoiselle ! Je crois bien que vous n'allez pas fermer l’œil si je ne vous réponds pas ! répondit-il en souriant.

Enfin Elinaë va avoir les réponses qu'elles cherchent. Mais elle devra attendre demain pour savoir ce qu'il est advenu de son cher père.